LES DEBUTS DE LA FRANC-MACONNERIE

Publié le par Chrestien de Troyes

Y a t’il des liens entre les descendants des Templiers en Ecosse et les Francs-Maçons ?

L'institution maçonnique doit en partie son existence à une confrérie de maçons constructeurs, qui voyageaient en Europe dès le 8e siècle. Ils se partageaient des secrets reliés à leur métier de maçon. On ne retrouve la première trace du mot "franc-maçon" qu'en 1376, sous la forme anglaise "freemason". Il faut voir dans le "freemason" un homme libre, (le préfixe free semble l'attester), un ouvrier hors du commun, bénéficiant de franchises accordées par l'église ou par les souverains, libre des obligations d'une corporation ou libre de naissance.

 

C'est en grande Bretagne et surtout en Écosse, que l'on trouve au début du 17e siècle, les premières traces de la franc-maçonnerie moderne, soit la transition entre une maçonnerie de métier à une maçonnerie de pensée. En 1702, la loge londonienne Saint-Paul édictait que "les privilèges de la maçonnerie ne sont plus désormais réservés seulement aux ouvriers constructeurs mais, ainsi que cela se pratiquait déjà, ils seront étendus aux personnes de tous les états qui voudront y prendre part ". Commence alors l'histoire de la maçonnerie moderne, dite aussi symbolique .

 

Le 24 juin 1717, jour de la Saint-Jean, les membres de quatre loges londoniennes se réunissent et fondent la Grande Loge de Londres, première fédération de loge maçonnique. En 1721, le grand maître de la loge de Londres demande à James Anderson, pasteur de l'église presbytérienne écossaise, de compiler les Old Charges (Anciens devoirs) des maçons et de rédiger de nouvelles constitutions.

 

En 1723, James Anderson publie à Londres The Constitutions of Free-Masons. L'implantation par les Anglais des loges maçonniques en France se situerait vers 1725.

 

En 1738, la première obédience française fédération des Loges voit le jour. C'est la Grande Loge de France. En 1773 apparaît une obédience rivale Le grand Orient de France.

 

Si, en 1738, la Grande Loge de Londres se proclame Grande Loge d'Angleterre, c'est qu'elle compte alors des loges à travers tout le pays, et même dans ses colonies, en Amériques du Nord, au Canada et aux Indes.

La franc-maçonnerie compte différents rites et rituels. Au nombre des rites encore en usage aujourd'hui, on trouve d'abord le rite écossais ancien et accepté, le plus pratiqué au monde. Né en France au début du 18e siècle, ce rite est composé de trente-trois grades. Le rite écossais rectifié remonte aussi au 18e siècle mais il comprend six degrés. Le rite français dit aussi rite moderne a sept degrés définis par le Grand Orient de France en 1786.

 

Jean Baptiste Willermoz, un maçon lyonnais, va structurer le  Rite maçonnique Ecossais Rectifié entre 1778 et 1787 à partir de plusieurs courants:

- le rite maçonnique pratiqué à l'époque au Grand Orient : le Rite Français Moderne

- l'Ordre des Elus Cohen

- La Stricte Observance Templière

 

Willermoz fut reçu maçon en 1750 (à 20 ans) à Lyon et fut Vénérable Maître de sa Loge, deux ans plus tard. Willermoz n'eut de cesse d'explorer toutes les tendances, afin de retrouver une Maçonnerie authentique; ses pérégrinations l'amenèrent à rencontrer l'Ordre des Elus Cohen et la Stricte Observance Templière, un mouvement maçonnique germanique.

 

Dans sa quête d'une Maçonnerie plus authentique, Willermoz entendit parler d'un certain Martinez de Pasqualy , juif d'origine espagnole converti au catholicisme, philosophe occultiste qui venait de créer à Bordeaux une société "Maçonnique" nouvelle: "Les Chevaliers Maçons Elus Cohen de l'Univers". L'aspect mystérieux de cette structure excita la curiosité de Willermoz qui y fut initié en 1768.

Elle se fondait sur les théories mystiques hébraïques et cabalistiques de Martinez de Pasqualy, telles qu'il les a exposées dans son ouvrage "Le traité de la réintégration" où il développe toute une cosmologie sur la chute de l'homme et le mystère de sa rédemption. Les travaux de ces assemblés consistaient à invoquer des esprits, par des pratiques "théurgiques" afin d'obtenir des manifestations tangibles qui assureraient alors au disciple sa réintégration spirituelle.

En 1743 le Baron de Hundt, maçon allemand, aurait été initié à des hauts grades templiers par un dignitaire écossais qui le charge de développer le système templier sur le continent. Cette filiation templière écossaise proviendrait d'une persistance de l'Ordre du Temple à travers la création, grâce à Robert Bruce premier Roi d'Ecosse, de l'Ordre du Chardon qui accueillit les Templiers francais en exil lors de la dissolution du Temple par le Philippe le Bel. De retour en Allemagne le Baron de Hund crée, en 1756 la Stricte Observance Templière; ainsi nommée parce qu'une discipline rigoureuse y régnait et qu'elle se réclamait de l'héritage templier.

Les Loges d'origine anglaise devinrent ainsi "Rectifiées", modifiaient leur statut pour permettre aux nouveaux grades templiers (Maitre Ecossais de Saint André, Novice et Templier puis Grand Profès) de faire suite aux trois grades habituels de la Maçonnerie (Apprenti, Compagnon, Maitre). Le Baron de Brunswick devint Grand Maître en 1772 pour réorganiser le système qui devenait la proie d'aventuriers mystiques. Le rite prit alors le nom de Régime Ecossais Rectifié.

En 1774 Willermoz réussit à entraîner une partie de la maçonnerie lyonnaise (il dirigeait toute la Province d'Auvergne) dans ce Régime Rectifié. Il se retrouva donc à la tête de la maçonnerie lyonnaise régulière du Grand Orient de France, présidant à la destinée du mouvement des Elus Cohen à Lyon (Martinez mourut en 1774 et son "héritage spirituel" fut repris par Louis Claude de Saint Martin, son ancien secrétaire), et chargé d'organiser le Régime Rectifié en France. En 1776 le Grand Orient reconnut officiellement cette "Rectification" et confia la direction de ces nouveaux hauts grades templiers à Willermoz.

Cependant, Willermoz découvrit progressivement l'inconsistance de la filiation templière du Régime Rectifié, le caractère trop aristocratique et élitiste de l'Ordre allemand et la pauvreté spirituelle de son message. Il forma alors le dessein d'intégrer l'enseignement ésotérique des Elus Cohen dans la structure des hauts grades templiers du Régime Rectifié, le tout sur la base d'une Maçonnerie régulière des trois premiers grades.

En 1778, lors du convent (réunion générale des Loges) des Gaules, réunissant tous les directoires du régime Rectifié de France, Willermoz réussit grâce à une grande obstination et son habileté à réaliser cette fusion; il devint le maître d'un ordre maçonnique nouveau: "Les Chevaliers Bienfaisants de la Citée Sainte".

En 1811, le Grand Orient de France signa un traité d'alliance par lequel il conférait seulement les 3 premiers grades maçonniques (apprenti, compagnon et maitre), laissant au Régime Ecossais Rectifié la souveraineté des hauts grades de "l'Ordre intérieur".

Jean Baptiste Willermoz mourut en 1824 à l'âge de 94 ans.

Publié dans leonziemetemplier

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